Balade autour de l’installation « Dour ar Gazel » avec Marie-Claire Raoul
Ce samedi matin 12 août, dans le cadre de l’exposition « Escale #3 Aber Benoît », l’artiste Marie‑Claire Raoul a proposé au public de se retrouver à la Maison des Abers -Ti an Aberioù pour une balade autour de son œuvre « Dour ar Gazel ».
Située sur les dunes de Toul Tréas, celle-ci évoque le cheminement du petit ruisseau du Bous qui prend sa source 500 m en amont, à proximité du lavoir du Bous. Elle est constituée de deux installations : la première intitulée « Ti Haleg », faite de brins de saule tressés, marque l’entrée de la zone humide associée au ruisseau ; la deuxième, réalisée en perches de bambou, englobe « Ti Haleg » puis se prolonge en vagues successives longeant le vallon en direction de la plage de Korn ar Gazel. L’artiste l’a nommée « Hent ar Mor », « le chemin vers la mer » en breton.
Le ruisseau du Bous est fort discret, apparaissant ou disparaissant au gré des aménagements urbains ou des conditions hydrologiques et géologiques. Aussi son existence est-elle peu connue, sinon par les habitant.e.s plus agé.e.s du quartier qui en gardent mémoire. L’artiste a proposé au groupe de partir à sa recherche et de suivre son cheminement de l’amont vers l’aval. La rencontre s’est terminée sur l’estran où l’on peut observer à marée basse une résurgence du ruisseau dûe à la nappe phréatique affleurante. Résurgence dont la forme fluctue d’un jour à l’autre suivant la force des marées.
Plusieurs témoignages attestent de l’usage de cette résurgence comme d’une ressource d’eau douce au temps où l’eau courante à domicile n’existait pas encore dans la commune. On raconte également que sous l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, les soldats allemands, persuadés que cette eau était salée, s’étonnaient de voir les paysans Saint-Pabusiens la faire boire à leurs chevaux et à leur vaches.
C’est, en fait, la découverte de cette résurgence d’eau douce en milieu salin qui a interpelé l’artiste lors de sa résidence artistique à la Maison des Abers au printemps 2022, et qui l’a amenée à approfondir le sujet et à imaginer l’œuvre « Dour ar Gazel ». Ses recherches ont pris appui sur l’observation du site et la consultation des cartes hydrologiques actuelles et anciennes, mais aussi sur des discussions avec des habitants du quartier et sur de nombreux échanges avec les bénévoles de la Maison des Abers.
Plusieurs d’entre eux, présents à la rencontre, sont intervenus pour partager leurs connaissances. Ainsi, Marie-Haude et Christophe Nicolas, anciens professeurs de breton, ont donné des précisions sur les toponymes bretons, tandis que Jean-Noël Piroche, ancien ingénieur des forêts, a expliqué des notions concernant l’écosystème des zones humides et l’évolution de la morphologie littorale, ou encore l’écoulement des cours d’eau et les interactions entre l’eau salée et l’eau douce.
L’installation « Dour ar Gazel » a été réalisée avec le soutien technique du vannier osiériculteur Christian Guérin et l’aide des bénévoles de la Maison des Abers et de l’association Patrimoine et environnement.
L’exposition ESCALE #3 — ABER BENOÎT est visible à la Maison des Abers jusqu’au 3 septembre et sur le sentier GR 34 jusqu’au 17 septembre.
Elle présente les œuvres des artistes Elouan Cousin, Nesrine Mouelhi, Vincent Lorgeré et Marieke Rozé, Marie-Michèle Lucas, Marie-Claire Raoul et Marianne Rousseau. Le commissariat de l’exposition a été assuré par Badïa Larouci.
Organisée par l’association Espace d’apparence, en partenariat avec la commune de Saint-Pabu et la Maison des Abers, l’exposition ESCALE #3 — ABER BENOÎT est soutenue par le Ministère de la culture-DRAC Bretagne, le Conseil régional de Bretagne via le dispositif d’aide aux résidences artistiques sur les territoires. Dans ce contexte, elle est accompagnée par Passerelle Centre d’art contemporain. Elle reçoit également l’aide du Conseil départemental du Finistère et de la communauté de commune du Pays des Abers.