Chantier « Hent ar Mor » de Marie-Claire Raoul
Les 12, 13 et 14 juin, sur les dunes de Toul Tréas à 100m de la Maison des Abers, la plasticienne Marie-Claire Raoul a réuni autour d’elle plusieurs volontaires pour mener à bien le chantier de construction de son installation en perches de bambou « Hent ar Mor ».
Une équipe courageuse
Elle a de nouveau fait appel à l’osiériculteur Christian Guérin pour l’accompagner sur le chantier. Plusieurs bénévoles de la Maison des Abers et de l’association Patrimoine et environnement ont répondu à l’appel pour prêter mains fortes. L’artiste leur est très reconnaissante de cette aide, car il faut bien l’avouer, c’était assez fastidieux. « Un travail de bagnard consenti » comme l’a fait remarqué avec beaucoup d’humour Jean-Alain, un des bénévoles. Car, il s’agissait de creuser 300 trous d’une profondeur de 40 cm minimum dans un substrat sableux comprenant une première couche d’herbes et de racines. Les tarières mécaniques n’ont pas été d’un grand secours. C’est finalement la tarière sonde apportée par Jean-Noël qui a été la plus efficace. Celle-ci est utilisée habituellement pour faire des prélèvements de terre.
Des vagues en bambou
Christian Guérin a fourni les perches de bambou d’une hauteur allant de 0m6 à 4m50. Elles ont été plantées à environ 30cm de distance les unes des autres pour former un tracé en « vagues » le long de la zone humide « Ty Arvor 666930 » signalée sur l’inventaire permanent des zones humides (IPZH). La structure en bambou « Hent ar Mor » englobe la structure en brins de saule vivants « Ti Haleg » implantée au mois de mars. L’ensemble forme l’installation « Dour ar Gazel ».
A propos des noms bretons de l’installation
L’artiste souhaitait donné à l’installation globale et à chaque structure des noms bretons. Pour éviter des contresens, elle s’est informée auprès de Christophe et Marie-Haude Nicolas, tous deux bretonnants et membres actifs au sein de la Maison des Abers, sur le bien fondé de chaque appellation. Elle a ainsi appris que le mot « Ty » que l’on retrouve souvent pour signifier « maison » devrait toujours s’écrire « Ti » car, en breton, la lettre « y » est utilisée uniquement comme consonne. « Dour ar Gazel » est un amalgame de « Dour » qui veut dire « Eau » et « ar Gazel » que l’on retrouve dans « Korn ar Gazel ». On pourrait le traduire comme « Eau de Gazel » (L’éthymologie du mot Gazel est incertaine).
« Ti Haleg » se traduirait par « La maison de saule » et « Hent ar Mor » par « Le chemin vers la mer ».
Quelques images du chantier « Hent ar Mor »
Regardons quelques images du chantier de construction de cette sculpture monumentale.
Comme on peut le constater sur la photographie ci-dessous, la sculpture en saule vivant « Ti Haleg », construite en mars dernier sur les dunes de Toul Tréas pour signaler le début de la zone humide, se fond dans la végétation luxuriante du printemps.
Un débroussaillage s’avère nécessaire pour pouvoir marquer le dessin de la structure « Hent ar Mor » et faciliter la plantation des perches. Ce sera donc la première action du matin réalisée par deux techniciens de la commune de Saint-Pabu.
Pendant cette préparation du terrain, les perches apportées par Christian Guérin seront déposées sur le chemin à proximité du chantier.
Christian Guérin a préalablement coupé les perches à des hauteurs différentes en fonction du dessin fourni par l’artiste.
Il a également apporté son équipement artisanal pour les élaguer sur place si nécessaire.
Avec une bombe de craie bleue, Marie-Claire Raoul dessine une trace directement au sol pour marquer le dessin de la structure. L’équipe de bénévoles peut maintenant commencer à creuser les trous en suivant ce tracé.
L’humidification du sol sableux facilitera le travail de plantation des perches.
L’une des difficultés du chantier sera de choisir les perches de bonne hauteur en les faisant se succéder de manière à créer des ondes. Sur le papier, les choses semblent simples. Sur le terrain, rien n’est calibré (profondeur des trous, diamètre des perches, type de sol, etc…). Ce n’est qu’en les plaçant côté à côte et au fur et à mesure, que l’on saura si la perche est à la bonne hauteur. Une fois les perches de bambous enfoncées au sol à l’emplacement souhaité, il faut remplir avec du sable l’espace laissé vide entre celles-ci et les parois du trou, puis le tasser de manière à ce que les perches soient à la fois bien verticales et stables.
Signalons que les perches sont coupées et donc non racinaires. Le système racinaire du bambou se développe à partir d’un rhyzome. Contrairement au saule qui se bouture à partir d’un simple rameau, une perche coupée sans système racinaire ne se multipliera pas. Cette information est importante, car il n’était évidemment pas question de voir les bambous se multiplier à l’infini sur les dunes de Korn ar Gazel !