

Structures scientifiques porteuses du projet :
Localisation : Multisites en Bretagne
Le projet HABLOOM
Préambule
Au sein du LEMAR à l’IUEM, dans le cadre du projet de recherche HABIS (Harmful Algal Blooms: a threat for sustainability of exploited BivalveS) qu’elles coordonnent, la biologiste Hélène Hegaret et la physiologiste Caroline Fabioux étudient la vulnérabilité d’espèces de bivalves exploités aux HAB (Harmful Algal Blooms) proliférant régulièrement ou émergentes le long des côtes françaises.
Le projet HABLOOM s’inscrit dans ce programme.
HABLOOM propose d’expérimenter une collaboration entre artistes et scientifiques afin de réfléchir en commun aux conséquences sur les écosystèmes marins du changement climatique et de l’empreinte écologique des humain.e.s, tout en portant un regard inédit sur les outils et méthodes scientifiques, avec l’objectif de présenter au public les résultats de leurs investigations. Il réunit les deux chercheuses et leur équipe de recherche, et les artistes Laurence Nicola, Pauline Hégaret et Marie-Claire Raoul.
Genèse du projet HABLOOM
Les écophysiologistes Hélène Hegaret, directrice de Recherche au CNRS, et Caroline Fabioux, maître de conférence à l’UBO, coordonnent l’équipe de recherche PANORAMA, qui, en s’appuyant sur des compétences pluridisciplinaires en physiologie, génétique, biochimie, microbiologie, biologie cellulaire et moléculaire, aborde par des approches intégratives les thématiques de recherche concernant la physiologie intégrative et l’adaptation des organismes marins.
Persuadées que la collaboration entre recherche scientifique et investigation artistique apporte un regard nouveau et fertile sur leurs sujets d’étude, elles initient dès 2020 des échanges avec l’artiste plasticienne Pauline Hégaret.
En novembre 2023, Espace d’apparence est invité par Océanopolis, centre de culture scientifique brestois consacré à l’océan, à présenter, au sein de l’exposition Escale #4 – Océanopolis, dans le cadre du festival Les Art’Pulseurs de l’océan, le projet De la nature et les œuvres réalisées par les artistes y ayant participé.
C’est à cette occasion qu’Hélène Hégaret et Caroline Fabioux découvriront les actions et travaux menés par l’association Espace d’apparence et les artistes associé.e.s, et que le désir de construire en commun un projet Art et Science est advenu.
Ce qui a motivé la collaboration
Du côté des artistes
Engagées dans une réflexion autour des questions écologiques, les artistes invitées partagent avec les scientifiques cette fascination et cette curiosité face aux secrets de la nature, mais aussi cette inquiétude devant les problématiques écologiques contemporaines et à venir.
Elles pensent que l’art et la science peuvent explorer ensemble ces questions et sont persuadées de l’intérêt de créer ce type de rencontres et de partenariats entre artistes et scientifiques.
Par ailleurs, elles savent combien les croisements avec le domaine des sciences sont fertiles sur le plan de leur pratique, sources d’enrichissement de leur vocabulaire de formes et de leur imaginaire.
De plus, définies ici dans le cadre d’un programme qui intègre un volet artistique, les interactions avec les scientifiques et les observations in situ seront facilitées. Elles pourront participer aux expériences menées par les scientifiques ainsi qu’aux campagnes sur le terrain, en mer ou sur les sites expérimentaux partenaires. Elles désirent saisir cette occasion de découvrir le domaine des microalgues, ces organismes végétaux aquatiques infiniment petits et encore très méconnus, et l’univers de recherche dans lequel évolue les scientifiques.
Du côté des scientifiques
Les proliférations de microalgues nuisibles et toxiques ou HAB (Harmful algal blooms) sont de plus en plus fréquentes et intenses à l’échelle du globe. Ces HAB sont désormais considérés comme une préoccupation environnementale, mais aussi sociétale et économique majeure pour la durabilité des écosystèmes marins et de leurs usages et apparaissent comme un défi scientifique dans les stratégies de recherche nationales et internationales (Accord de Paris, UNESCO).
Face à ces enjeux, Hélène Hégaret et Caroline Fabioux considèrent nécessaire d’informer le public et de le sensibiliser.
Or, au vu de leurs expériences précédentes de collaboration avec des artistes, elles ont constaté que le dialogue entre art et science est un excellent moyen pour rendre accessible au plus grand nombre, dont des publics éloignés des disciplines scientifiques, leurs sujets de recherches et leurs préoccupations, agissant en quelque sorte comme une porte d’entrée vers des concepts complexes, potentiellement intimidants.
Au-delà du souci de transmission, la coopération avec les artistes apporte aux scientifiques un regard neuf, et permet d’adopter une approche différente sur leur travail de recherche.
Les créations artistiques, pouvant solliciter les cinq sens, sont à la fois une surprise et un bouleversement pour les scientifiques, qui redécouvrent leur quotidien sous l’angle du sensible et expérimentent une nouvelle façon de parler de leur métier sans passer par les dispositifs habituels de la médiation scientifique.
Les deux chercheuses sont en même temps persuadées que les formes des micro-organismes étudiés, mais aussi leurs caractéristiques, comme la bioluminescence ou les pigmentations différentes, ont un grand potentiel esthétique et peuvent être source d’émerveillement et d’inspiration.
Partant de ces constats, elles ont élaboré le programme de recherche HABIS qui intègre une collaboration avec des artistes.
HABLOOM : Expérimenter et œuvrer ensemble
Force est de constater que si la science joue un rôle central dans la résolution des problèmes environnementaux tels la perte de biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le changement climatique, elle n’est pas suffisante et qu’il s’agit aussi, et même peut-être avant tout, de transformation culturelle, de changement de regard.
Tisser des liens entre art et science autour de l’étude des proliférations de microalgues nocives c’est ce à quoi renvoie le titre HABLOOM, HAB étant le sujet et LOOM le procédé, c’est-à-dire le métier à tisser. LOOM évoque par ailleurs l’apparition, l’objet qui se profile.
Le projet HABLOOM représente aux yeux du collectif d’artistes et des scientifiques une réelle opportunité de s’associer pour à la fois progresser dans leurs recherches et pratiques et rendre visible un sujet peu exploré bien qu’essentiel dans l’équilibre des écosystèmes marins et planétaires.
Artistes et scientifiques sont curieuses de se laisser influencer mutuellement et d’engager un processus expérimental où il s’agira d’accepter un déplacement de ses connaissances et de ses pratiques pour construire ensemble un projet qui œuvre, à sa manière, à une prise de conscience de l’état d’urgence écologique actuel.
Finalités du projet
1- Expérimenter et promouvoir un dialogue entre un collectif d’artistes visuelles et une équipe de scientifiques de la région brestoise autour des enjeux écologiques en Bretagne liés à l’océan, avec un focus sur les microalgues et plus spécifiquement sur les proliférations de microalgues nuisibles et toxiques ou HAB qui sont désormais considérées comme des préoccupations environnementales, sociétales et économiques majeures pour la durabilité des écosystèmes marins et leurs usages ;
2 – Soutenir la réflexion et la création de trois artistes autour des changements écologiques maritimes avec l’intention de faire émerger un projet collaboratif croisant art et science, mutualisant des connaissances et une exploration de nouvelles formes d’expression ;
3- Inciter un changement de regard pour une prise de conscience de l’état d’urgence écologique
Force est de constater que si la science joue un rôle central dans la résolution des problèmes environnementaux tels la perte de biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le changement climatique, elle n’est pas suffisante et qu’il s’agit aussi, et même peut-être avant tout, de transformation culturelle, de changement de regard ;
4- Soutenir la création d’œuvres qui alertent le public sur la pollution plastique en mer et notamment sur l’impact nocif des microplastiques sur les microalgues et les écosystèmes marins ;
5- Soutenir la création d’œuvres dont le support et/ou le mode d’expression se basent sur des données et des technologies numériques dans une dynamique de réflexion sur leur impact environnemental et sociétal ;
6- Donner à voir le monde inconnu des microalgues, source d’émerveillement et d’inspiration, rendre compte de leur diversité et de leur beauté. Faire découvrir les phénomènes de photosynthèse, coloration et bioluminescence ;
7- Mettre en lumière et en résonance, à travers restitution(s) et exposition(s), les travaux, les œuvres et les activités du collectif d’artistes et de l’équipe scientifique, et notamment les contributions de femmes artistes et scientifiques de la région, souvent sous-représentées dans ces domaines ;
8- Offrir au public une expérience immersive et éducative qui décloisonne les disciplines et incite à la réflexion sur les connexions entre l’art, les technologies, la science et l’environnement local ;
9- Rendre accessible au plus grand nombre, dont des publics éloignés des disciplines scientifiques, des sujets de recherches et des préoccupations environnementale majeures, ce dialogue art-science agissant en quelque sorte comme une porte d’entrée vers des concepts complexes, potentiellement intimidants.


