Marie-Michèle Lucas, de Von Humboldt à Paul Ardenne
La plasticienne Marie-Michèle Lucas a choisi de réaliser son premier temps de résidence au mois d’août.
Impatient.e.s de découvrir ses premières réflexions et recherches, nous sommes allé.e.s lui rendre visite au local de la Pointe. Marie-Michèle nous a invité.e.s à suivre son cheminement et ses questionnements artistiques au gré de ses lectures et de ses séquences de dessins au jardin des explorateurs, à deux pas du local de la Pointe.
Elle évoque les cyanotypes de la botaniste et photographe anglaise Anna Atkins. Elle-même s’est essayée à cette technique et l’on peut voir quelques une de ces productions affichées au mur à côté des esquisses à l’encre noire des fleurs venues de pays lointains comme les iris de Nouvelle-Zélande.
Quelques mots écrits sur une feuille : Alexander Von Humboldt, tableau physique des Andes et pays lointains, hortensias… nous donnent des indices sur ses pérégrinations mentales et notamment sur sa fascination pour Le tableau physique réalisé par le naturaliste, géographe et explorateur du XIXème siècle Von Humboldt, qui présente une vue en coupe des volcans Chimborazo et Cotopaxi avec un diagramme détaillé des espèces végétales selon l’altitude.
Sur le sol, des cartons peints d’aurochs témoignent de son intérêt pour l’époque lointaine où la rade de Brest n’était pas encore formée et qu’au lieu de celle-ci se trouvait une plaine habitée par les hommes. A Plougastel, sur le site archéologique du Rocher de l’impératrice, elle a pu admirer, gravés sur des plaquettes de schistes, des dessins datant de l’Azilien ancien, vieux de 14500 ans, montrant une tête d’auroch hérissée de rayons, des chevaux et des lignes géométriques.
Mais, sa résidence a été marquée par la lecture de l’ouvrage Un art écologique de l’historien en art contemporain Paul Ardenne. Celui-ci interroge et donne des réponses sur les formes nouvelles de l’art qui interagissent avec la nature tels le land-art ou l’éco-art. Cette lecture amène Marie-Michèle à penser que l’artiste ne peut pas faire l’impasse sur les actuelles préoccupations environnementales et qu’il.elle doit se positionner face à ces dernières. D’ailleurs, plutôt que « De la nature », Marie-Michèle aimerait bien donner à la résidence le titre de « Pro natura ».
Avant de quitter Marie-Michèle, nous remarquons sur le mur de gauche, en sortant du local de la Pointe, des pans de papiers suspendus sur une étrange poutre en bois portée par deux hautes cloisons mobile peintes en blanc. Il s’agit d’un dispositif ingénieux utilisé auparavant par les imprimeurs de la PAM que Marie-Michèle a miraculeusement sauvé avant sa mise au rebut. A t-elle l’intention de s’en servir pour imaginer une installation ? Nous aurons peut-être la réponse lors de la journée d’étude que nous préparons pour le mois de novembre.